Au cours du dernier séminaire d’herbologie, j’ai pu profiter du cadre propice à la méditation pour pratiquer cinq fois une heure, de jour comme de nuit.
Ce fut comme toujours une belle expérience que de se laisser inspirer d’une ambiance solide de spiritualité, de pratique régulière, pour laisser son propre chemin s’exprimer.
Relâcher son corps et laisser les lignes dynamiques faire leur travail de transformation, être disponible sans être tendu, voire crispé: c’est une recherche et un état de l’âme, de l’esprit. Tout près du jardin, un espace rond m’attendait et, à la clarté de la lune, je permettais aux forces intéreures et extérieures de se rencontrer au cours d’une marche circulaire (Ding Shi), rituel énergétique et physique de connexion entre le Ciel et la Terre.
Le gérant des lieux, Henri, pratiquant l’alchimie intérieure taoïste, nous permettait le lundi suivant le séminaire, d’en apprendre plus sur ChongMai, l’un des 8 Merveilleux Vaisseaux, structures dynamiques profondes de l’être humain.
Le Vide Médian:
Chong Mai… Les praticiens le connaissent souvent comme le « Carrefour de la puissance », le lieu à l’origine de la capacité de mettre en mouvement, de réaliser. On parle parfois des gens qui ont un cou large eu devant, comme ayant un chong mai fort.
Il a de nombreux noms: le « Grand père », le premier arrivé dans les structures de l’embryogénèse. Entre Ciel et Terre, il dresse un pont.

Le « Vaisseau d’Attaque » , la « Mer du Sang », la « Mer des 12 Méridiens »…
On dit de lui qu’il coordonne les plus importantes mutations entre Yin et Yang, sur le plan de l’incarnation, qu’il assure un rôle essentiel pour la vision, la marche, la préhension, les articulations. Il est l’origine du Sanjiao, le système des Trois Foyers, qu’il coordonne encore.
Comme d’habitude la traduction du chinois apporte ses pistes utiles, mais la réalité vécue n’est souvent pas exactement la même, voire parfois nous mène à bien plus loin, à quelque chose de bien différent. Ce lundi là, ce fut le cas.
Pour être honnête, je n’ai jamais vraiment ressenti ce qui est profond comme étant fait de « puissance » ou tout autre chose de ce type. Je n’ai, dans mes méditations les plus immobiles, ressenti que la plénitude profonde du vide. Un vide chaud, peut être bouillonnant, un potentiel oui, prémisse de mouvement… et peut être alors, autour, issu de lui, certaines tempêtes et rayonnements.
Henri me permit de confirmer cette sensation: il étonna l’auditoire en parlant avant tout de chongmai comme du vide médian, l’espace intérieur nécessaire à l’intervention du Ciel Antérieur, les voies mystérieuses du Ciel et pour notre professeur, les racines profondes de notre identité véritable.
Quand on parle du Vide, on pense souvent au Néant: mais ce sont là deux choses différentes. Le Vide de Chongmai est un vide fourmillant. Il nous relie au Ciel comme un potentiel.
Un espace vide fourmillant des possibles..
Chongmai, vaisseau des attaques, ou plutôt, vaisseau de tous les potentiels, de toutes les choses qui pourraient survenir. Un espace de pur vide nécessaire à l’articulation de tous. Comme le moyeu de la roue, un espace vide pour qu’y s’insère une force qui nous dépasse, et qui nous entraîne sur le chemin universel.
Cet espace se trouve dans l’espace de la colonne vertébrale, un espace devant elle, un espace derrière elle. Et puis au devant Renmai, à l’arrière Dumai.
Les maux de dos alors comme une déformation de Chongmai? Une déformation de l’espace, du vide médian, comme un témoin de la déroute survenue dans l’harmonie intime, dans le chemin personnel?
La sphère du vide.
Dans la marche du BaguaZhang, je perçois deux vides qui se coordonnent: le vide central du cercle sur lequel je chemine et le vide intime que je ressens . Durant la pratique, vide et forme s’interpellent pour une transformation, une circulation qui s’opère. A travers eux s’articule la source d’un mouvement éternel et infini.
Je commence souvent le Dingshi par Xian Tao Zhang, le positionnement qui ouvre Chong Mai, Ren Mai et Du Mai.
Au fur et à mesure que s’opère la marche, le Qi afflue et le vide médian s’agrandit, permettant le vide mental. Il arrive souvent alors qu’une immense spontanéité m’emmène sur les chemins du ressenti, et que la gestuelle s’enchaîne de sorte que je ne sache vraiment si c’est moi ou « autre chose » qui bouge et change. Cet état de l’esprit paradoxal représente parfaitement l’explication d’Henri sur ChongMai: je me sens à la fois vide de pensée et de désirs, mais pourtant immensément plein, une plénitude qui ne s’accumule pas, mais s’évertue et se propage, en mouvement constant.
Dans cette sphère ou j’évolue, où je ressens clairement Qi Hua, la transformation de Qi, se mélangent les forces intérieures issues du vide médian et les forces extérieures, les forces de la Nature que je contemple. Indifférencié, je me sens pleinement vide.
Drôle de paradoxe….
Corollaires (cliquer sur les liens):
Base de Huit & Fondement des Structures: Une danse dans le Tao
Le Vaisseau d’Attaque sur le blog Tao et Spiritualité
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