La Médecine Manuelle Chinoise contient ses propres spécificités liées à une grille de lecture dynamique du corps et une expérience clinique ancienne.
Plus vieille que l’acupuncture et la pharmacopée, la médecine manuelle traditionnelle trouve ses origines en des temps préhistoriques, bien loin de toute vision scientifique claire. Pour tenter de la dater, on peut citer le plus ancien manuscrit complet de médecine chinoise, le
Ce que l’on sait, c’est que les techniques manuelles chinoises nous sont parvenues par le biais d’une tradition robuste face au temps. Leur utilité reste toujours d’actualité.

Le mot T推拿 regroupe de manière générale les différentes techniques composant cette médecine manuelle. Ceci dit, il est possible de détailler ce grand ensemble.
Derrière le mot se trouve plusieurs « matières »:
- Le T摩 (massages et normalisation musculo tendineuses, acupression) /Ànmó 按
- Le Zhèng Gu 正骨 (reboutage / normalisation musculo-squelettique)
- Le Zàngfu T : Thérapeutique viscérale et fascias, grands ensembles structurels.
- Le Qì Nèi Zàng 氣內臟 apparenté au Zàng Fu et jouant sur l’ensemble psycho-corporel.
- Le Xiǎo T推拿 destiné à la pédiatrie. 小
Remise en question & évolutions
Au fur et à mesure du temps, la pratique du T
D’abord perçu comme une technique de bien-être du même genre que le massage Californien, il est en passe d’être reconsidéré au fur et à mesure que l’on « redécouvre » les branches qui complètent son utilisation.
Il n’est plus question de l’envisager uniquement à travers le prisme de l’énergétique pure, mais de comprendre que le T possède sa propre « ostéopathie traditionnelle », avec une perception anatomique complète, une grille de lecture dynamique qui considère les grands ensembles structurels (organiques, tissulaires, musculo-squelettiques), sans oublier une synergie avec les autres outils spécifiques à la médecine chinoise (acupuncture orthopédique, pharmacopée externe et méthodes de rééducation fonctionnelle).
Evidemment, le corps humain reste le corps humain et toutes les techniques de soin se rejoignent pour traiter la maladie. Ainsi, les méthodes manuelles chinoises possèdent des points de contact avec toutes les autres méthodes manuelles. Pour exemple: les perspectives croisées que nous avons pu entrevoir lors de notre formation en thérapie cranio-sacrée.
Pratique et Développement personnel
La découverte multi-facette du T
La double expérience de la médecine conventionnelle et orientale d’Alain Koreneff n’y est pas pour rien: en tant que collègue mais surtout professeur, il m’a familiarisé rapidement durant mon étude clinique à opérer des « allers et retours » utiles et raisonnables pour une considération globale du corps.

En plus de la formation conceptuelle, la pratique du T
Citons quelques exercices que nous utilisons régulièrement:
- Le Nèigōng 內功: ensemble de pratiques biodynamiques, gymnastiques d’étirements, activités méditatives (calme mental et équilibre émotionnel), et exercices de proprioception destinées à une compréhension par l’expérience du fonctionnement humain.
- Le Tàijíquán 太極拳 & le Bāguàzhǎng 八卦掌 : Arts Martiaux Traditionnels Chinois, disciplines de l’interaction et du mouvement.
Être attentif à ses structures et son fonctionnement, c’est porter aussi la même attention sur le patient. C’est faire de sa discipline un outil d’exploration personnelle mais aussi sociale et professionnelle. Un croisement utile au quotidien.

La main, interface subtile entre soi et l’autre, outil de diagnostic comme outil thérapeutique, permet alors la meilleure interaction possible, la plus naturelle, enracinée dans une tradition humaine. Son utilité s’améliore au contact du patient, elle s’agrandit dans le soin et dans la compréhension clinique du nécessaire.
La voie médicale n’est donc pas qu’une simple activité professionnelle, elle induit et débouche sur une méditation: une introspection sur la santé et la maladie en général, sur les relations profondes et nombreuses qui s’opèrent entre le corps, le mental et les émotions. De nombreux feed-backs sont nécessaires dans ce cheminement et régulièrement, les praticiens se regroupent et s’interrogent.
Cet état d’esprit, la médecine chinoise tend à le partager avec les patients, les curieux, les intéressés, les étudiants. Cette conscience de soi et de ses mécanismes possibles est au coeur de l’état de santé et de l’engagement du praticien sur le sujet.
Vaste programme et long chemin pour tous mais finalement une belle expérience de vie.
Laisser un commentaire